Article | 01 Sep, 2020

Plongée dans les Ecosystèmes Coralliens Mésophotiques (ECM)

Réservoirs exceptionnels de biodiversité marine, les écosystèmes coralliens sont aujourd’hui gravement menacés par les pressions anthropiques (pêche, tourisme, pollution) ainsi que par les conséquences du réchauffement climatique. 

Les derniers travaux de l’UICN (Liste rouge des espèces menacées : Coraux de l’océan Indien - juin 2020) soulignent les menaces réelles sur les coraux constructeurs de récifs dans les îles françaises de l’océan Indien. Alors que les récifs coralliens de La Réunion sont de petite superficie (18 km2), très proches des côtes, et se situent uniquement sur la partie ouest et sud-ouest de l’île où les activités littorales sont très développées, les résultats montrent que 15% des espèces sont menacées ou quasi menacées à La Réunion contre 12% à Mayotte et 6% aux Îles Eparses ! Certaines espèces sont particulièrement sensibles aux pressions anthropiques. Tel est le cas de Stylophora pistillata, qui autrefois était assez commune sur les platiers récifaux et est aujourd’hui classée “En danger critique” à La Réunion.

Compris entre 50 et 150 mètres de profondeur, les Ecosystèmes Coralliens Mésophotiques (ECM) apparaissent aujourd’hui moins sensibles aux effets du changement climatique que les récifs coralliens de surface (allant jusqu’à 20 à 30 mètres de profondeur). 
Or, un certain nombre d’espèces apparaissent communes aux ECM et aux récifs coralliens de surface, octroyant ainsi aux ECM un potentiel rôle dans la résilience écologique des habitats et espèces de surface plus vulnérables.

Le projet MesoRun
A l’heure actuelle, les connaissances sur ces écosystèmes à la Réunion concernent presque exclusivement la biodiversité récifale; les connaissances mésophotiques étant quasiment inexistantes.

Afin de pallier ce manque, le projet MesoRun vise à réaliser un inventaire faunistique non exhaustif en zone mésophotique sur certains sites de l’île. Porté par l’association Vie Océane et par le bureau d’études BIORECIF, ce projet à l’approche participative rallie des organismes publics (universités et muséums) et privés (bureaux d’études) ainsi que des associations de plongeurs et de médiation scientifique aux campagnes de collecte.

Trois plongées ont déjà eu lieu en aout 2020 sur les pentes Ouest de La Réunion, à 85 et 90 mètres de profondeur. En plus des photos effectuées, des prélèvements ont été réalisés afin de déterminer les espèces qui ne peuvent pas l’être à partir de photos.

Plectranthias winniensis - La RéunionPhoto: © Poisson Lune
Ces plongées ont d’ores et déjà permis d’observer une nouvelle espèce de poisson : Plectranthias winniensis, appartenant à la famille des serranidae (photo ci-contre). L’ensemble des données collectées par le projet sera bancarisé au sein de bases de données publiques garantissant un accès ouvert et partagé. A terme, ces connaissances visent à mieux comprendre le rôle de « réservoir d’espèces récifales » des ECM et à appuyer les démarches de conservation et de gestion de ces milieux.

 

 

Le support BEST
Doté d’un financement de 50,000 € pour une durée de 14 mois, le projet MesoRun est l’un des 18 projets sélectionnés en mai 2020 suite au premier appel à propositions LIFE4BEST. 
Deux nouveaux appels à propositions destinés à fournir un soutien aux acteurs locaux pour les actions de terrain à petite échelle seront publiés le 10 Septembre 2020 : 

- pour les régions d’Outre-Mer : LIFE4BEST
- pour les Pays et Territoires d’Outre-Mer : BEST2.0+