Article | 14 Mar, 2019

Initiative pour la restauration : une opportunité d’échange de connaissances

Le plus grand programme financé par le Global Environment Facility ayant pour but de restaurer des terres dégradées a été lancé à Naivasha, au Kenya. Plus de 50 partenaires se sont réunis durant un atelier de planification et d’échange. L’atelier a permis de tester la vision du programme en matière de partenariat et les résultats sont prometteurs.

L’Initiative pour la restauration (The Restoration Initiative (TRI) en anglais) est un partenariat de trois agences Global Environment Faciltiy (GEF): l’UICN, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture et ONU environnement) et de dix pays asiatiques et africains partageant le même objectif de restauration de terres dégradées et déboisées – mise en œuvre accélérée du programme avec un atelier de partage des connaissances et de planification à Naivasha, au Kenya.

Des équipes du Cameroun, de la République Centrafricaine, de Chine, de la République Démocratique du Congo, de Guinée Bissau, du Kenya, du Myanmar, du Pakistan, de Sao Tomé-et-Principe et de Tanzanie ont passé une semaine à échanger sur leurs projets. Malgré les différences régionales, culturelles ou linguistiques, ils ont réussi à trouver un terrain d'entente au-delà des attentes initiales. Ensemble, ils ont clarifié les différents types d’assistance requis pour soutenir leurs projets nationaux. A savoir, renforcer la capacité de gestion de la restauration des paysages forestiers (RPF) améliorer l'environnement politique dans leurs pays respectifs pour la RPF; mobiliser des fonds et des investissements supplémentaires dans la RPF; et discuter des objectifs mondiaux de la RPF tels que le Défi de Bonn. Peut-être même plus important, les participants ont identifié de nombreux domaines d’échange et de partenariat potentiels.

Parmi ce potentiel se trouve la mise sur pied d’une planification intersectorielle de la RPF entre les ministères qui fonctionnent généralement indépendamment les uns des autres, tels que les ministères de l’agriculture, des forêts et de l’eau. D’autres discussions ont tourné autour des meilleures techniques de restauration des mangroves et des terres arides dégradées et de la manière de multiplier les succès en matière de paiement pour services écosystémiques destinés à financer la restauration.

Pensée programmatique

Chaque projet de pays TRI adopte une approche unique en matière de restauration. De la collaboration avec les partenaires gouvernementaux à l’établissement d’une politique sur l’utilisation durable des mangroves, de l’engagement du secteur privé à la restauration intégrant des espèces indigènes de bambou, jusqu’à l’amélioration des pratiques de gestion des fermes d’État en Chine, chaque projet est adapté aux besoins et objectifs uniques des pays et des parties prenantes.

Cependant, en réunissant onze projets nationaux provenant de dix pays de deux continents partageant un cadre commun et d’appui des connaissances, cette initiative offre de nombreuses possibilités d’apprentissage, d’échange et de partenariat entre équipes. Et cela, bien plus que ce qu’un groupe de projets autonomes et indépendants pourrait générer. C’est l’idée révolutionnaire qui sous-tend ce programme FEM.

Les avantages de cette approche collective ont été résumés par Faizul Bari, qui dirige l'équipe de projet au Pakistan :

En participant au programme, nous apprenons de l’expériences provenant de dix pays. Et nous pouvons partager nos expériences avec des pays aux contextes similaires. Nous pouvons profiter des succès des uns et des autres. Nous pouvons développer des outils communs. Donc, ce qui me passionne, c'est aussi que ce projet ne soit pas isolé dans un pays, mais que nous puissions avoir un effet global qui contribue réellement à amener The Restoration Initiative au centre.”

Serah Munguti, du projet TRI travaillant dans le sud du Kenya, a exprimé des sentiments similaires :

Nous avons beaucoup à apprendre du programme plus vaste et des autres qui ont probablement déjà fait la même chose, pour ne pas réinventer la roue. Grace à cette plateforme mondiale, nous nous attendons à des occasions de partager ce que nous avons à partager et d’atteindre des publics que nous ne pourrions pas atteindre autrement si nous travaillions juste ici au Kenya.”

Apprendre des partenaires locaux

Le district environnant de Naivasha abrite deux initiatives de restauration, soutenues par le WWF Kenya, qui présentent des approches novatrices en matière de restauration. La dernière journée de l'atelier a été l'occasion pour les participants de se rendre sur le terrain et de tirer des enseignements de ces deux initiatives..

man holding potato toward photographerPhoto: IUCN / Josh Schneck
Sur le premier site du projet, les communautés vivant à proximité de terres forestières dégradées ont la possibilité de cultiver sur terres publiques. En échange de l'accès, les communautés sont responsables de la gestion et de prendre soin des arbres qui, lorsqu'ils seront matures, aideront à transformer ces terres dégradées en forêts saines. Dans l'intervalle, les terres cultivées fournissent nourriture et revenus supplémentaires aux agriculteurs locaux. À ce jour, plus de 700 hectares de forêt dégradée ont été restaurés, avec des avantages pour la qualité de l'eau, la biodiversité, le climat et les moyens de subsistance locaux.

Sur le deuxième site, un programme innovant de paiement pour services écosystémiques a été mis en place pour financer la restauration. Margaret, l’une des hôtes du groupe sur ce site, a relevé le défi de sécuriser les pentes abruptes de sa petite parcelle avec des arbres par culture intercalaire, comme 1400 autres propriétaires terriens. Grâce à ce pouvoir collectif des agriculteurs, une eau propre coule à nouveau dans les zones de captage en amont pour aider les agriculteurs et les entreprises situés en aval, qui apportent des financements pour aider à former et fournir aux communautés agricoles qui travaillent sur ces pentes des techniques et du matériel de plantation (par exemple, des plants d'arbres) réduisant le risque de sédimentation ruissellement par temps de pluie.

woman farmer looking at cameraPhoto: IUCN / Corbett Nash

Les deux initiatives sont le produit de processus participatifs visant à créer un consensus et des incitations pour mobiliser les partenaires pour restaurer les terres dégradées. Cette approche a inspiré les équipes de programme TRI et leur a fourni des idées concrètes à intégrer à leurs projets TRI.

 

 

Juste le début

The Restoration Initiative devrait durer jusqu’au début de 2023. En cours de route, les partenaires espèrent s’appuyer sur la volonté politique croissante et la demande du public en faveur de la restauration, en utilisant les ressources offertes par ce programme très prometteur. Il est encore trop tôt pour dire quel type d’impact aura TRI, mais à en juger par le succès de cet atelier, les partenaires ont construit une bonne base pour accélérer le travail difficile qui reste à faire.

 

— de Josh Schneck et Corbett Nash, IUCN Global Forest & Climate Change Programme 


The Restoration Initatiaitve (TRI) est financée par des subventions du Global Environment Fund (GEF) et par le biais de financements de partenaires. Le TRI travaille dans dix pays d’Afrique et d’Asie où il combine les compétences de partenaires nationaux à celles de trois agences du GEF : l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’ONU pour l’environnement (PNUE) dans un cadre flexible qui aborde les principales opportunités de restauration.