Article | 02 Juin, 2017

Un parc ivoirien où le chimpanzé fait son retour ne devrait plus être classé comme Patrimoine mondial en péril, selon l’UICN

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) recommande de retirer le Parc national de la Comoé, en Côte d’Ivoire, de la Liste du patrimoine mondial en péril car les chimpanzés et les éléphants reviennent dans le parc. L’UICN recommande aussi d’inscrire les Paysages de la Dauria, en Russie et Mongolie, comme nouveau site naturel au Patrimoine mondial. Ces avis figurent dans une série de rapports au Comité du patrimoine mondial publiés aujourd’hui par l’UNESCO.

La situation s’améliore pour un site ivoirien en péril

Inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril depuis 2003, le Parc national de la Comoé, en Côte d’Ivoire, a dû faire face à plusieurs menaces, telles que le braconnage et l’exploitation illégale d’or, favorisées par le climat d’instabilité politique. Depuis que la situation du pays s’est stabilisée en 2012, les mesures de conservation en place se sont avérées fructueuses pour les populations de différentes espèces, notamment les éléphants et les chimpanzés que l’on pensait disparus du parc. Suite à une mission confirmant ces améliorations, l’UICN recommande de retirer le site de la liste des biens en péril.

La liste du patrimoine mondial en péril est un mécanisme conçu pour mobiliser une action d’urgence en vue de résoudre des problèmes graves pouvant menacer les valeurs exceptionnelles de sites du Patrimoine mondial. Sur les 238 sites inscrits pour leurs valeurs naturelles, 18 figurent actuellement sur la liste « en péril ».

Des sites emblématiques restent confrontés à des menaces

Cette année, 55 biens naturels du patrimoine mondial ont fait l’objet d’un suivi de l’UICN, au nom du Comité du patrimoine mondial et en collaboration avec le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. Les recommandations publiées aujourd’hui proposent aussi des mesures pour lutter contre les menaces qui pèsent sur des biens naturels du patrimoine mondial emblématiques tels que La Grande Barrière en Australie et la Forêt Białowieża en Pologne.

La mise en œuvre du plan 2050 de l’Australie pour conserver La Grande Barrière progresse mais, selon les recommandations, il faudra faire beaucoup plus. Le rapport confirme que le changement climatique reste la menace la plus grave pour le site. Les phénomènes de blanchissement des coraux qui ont touché le récif ainsi que d’autres biens du patrimoine mondial coralliens, en 2016 et 2017, témoignent de l’importance d’agir pour remédier au changement climatique au‑delà des frontières nationales. La Grande Barrière est le plus vaste système corallien du monde et elle abrite de nombreuses espèces menacées comme le dugong et la grande tortue verte.

Parmi les sites qui sont vulnérables à des menaces graves, huit nécessitent des mesures d’urgence sans lesquelles il faudra envisager une inscription sur la liste du patrimoine mondial en péril dans un proche avenir.

Si la Pologne continue d’extraire et d’exploiter le bois dans les zones de forêts anciennes de la Forêt Białowieża, des habitats intacts et des espèces seront probablement perturbés, ce qui pourrait conduire à une inscription sur la liste « en péril » en 2018. La Commission européenne a récemment exprimé sa préoccupation devant l’abattage d’arbres centenaires et plus anciens encore dans cette forêt qui est aussi un site Natura 2000. Inscrite en tant que bien du patrimoine mondial transfrontalier en Pologne et au Bélarus, Białowieża est une des dernières forêts primaires du continent européen.

Parmi les sites naturels pour lesquels les recommandations de l’UICN mentionnent une éventuelle inscription sur la liste en péril en 2018, il y a aussi le Parc national Plitvice en Croatie, où des logements se développent rapidement pour accueillir un nombre croissant de touristes, la Réserve de faune du Dja au Cameroun, touchée par les impacts d’un barrage en train d’être rempli ainsi que par le braconnage des éléphants. Les Sundarbans au Bangladesh, la Parc national de Doñana en Espagne, les Montagnes dorées de l'Altaï et le Système naturel de la Réserve de l'île Wrangel, tous deux en Russie, et le Parc national de Coiba et sa zone spéciale de protection marine au Panama sont les autres sites proposés par l'UICN pour un éventuel statut en péril en 2018, si des mesures urgentes ne sont pas prises.

Nouveau site en Mongolie et en Russie recommandé pour l’inscription

L’UICN a également évalué 13 propositions d’inscrire de nouveaux sites, ou d’agrandir ou modifier des aires naturelles figurant déjà sur la Liste du patrimoine mondial. Dans ses rapports d’évaluation publiés le 19 mai, l’UCN recommande d’inscrire trois habitats clés pour la conservation des espèces sur la Liste du patrimoine mondial naturel, en Argentine, au Bénin/Burkina Faso et en Chine. Aujourd’hui, l’UICN recommande un autre site pour l’inscription.

Les Paysages de la Dauria sont un exemple exceptionnel d’écosystème de steppe, s’étendant en Mongolie et en Russie. Le site comprend des habitats vitaux pour des espèces animales rares telles que la marmotte de Tarbagan en danger, la grue à cou blanc, l’oie cygnoïde et des millions d’oiseaux migrateurs. C’est le seul lieu connu en Russie où se reproduit la gazelle de Daourie. 

Les recommandations sur les inscriptions proposées et sur les mesures de lutte contre les menaces feront l’objet d’un débat lors de la session du Comité du patrimoine mondial qui, cette année, aura lieu à Cracovie, Pologne, du 2 au 12 juillet. L’UICN est l’organisation consultative pour la nature de la Convention du patrimoine mondial, chargée de fournir un avis technique. Le Comité du patrimoine mondial est seul à prendre les décisions finales.