Article | 17 Nov, 2021

The Restoration Initiative: Une histoire de Pakistan

La restauration sur le toit du monde – des nouvelles prometteuses du Pakistan

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Photo: TRI Pakistan

Au pied des montagnes de l’Himalaya, dans le nord du Pakistan, à une altitude comprise entre 2 000 et 3 500 mètres, se trouve un écosystème unique et fragile. Connues sous le nom de forêts de pins Chilgoza en raison de l’essence (Pinus gerardiana) qui constitue la majeure partie des arbres présents, ces forêts procurent de nombreux avantages aux communautés et aux autres êtres vivants qu’elles abritent. Les pignons récoltés sur les pins chilgoza sont très prisés et vendus sur les marchés locaux et internationaux. On peut aussi trouver des champignons, du miel et des plantes médicinales plus près du sol. Les forêts abritent également un certain nombre d’espèces menacées, notamment la panthère des neiges, rare et vulnérable, le lynx de l’Himalaya, le markhor du Cachemire, les loups et les ours noirs.

La demande croissante pour ces produits forestiers, en particulier pour les pignons de chilgoza qui se vendent entre 20 et 100 dollars le kilo, ainsi que les lacunes de la réglementation et leur mauvaise application en ce qui concerne la récolte de ces graines, entraînent une surexploitation et une dégradation de l’écosystème. Si rien n’est fait pour changer la trajectoire actuelle, le pin chilgoza et l’écosystème naturel au centre duquel il se situe pourraient bientôt disparaître.

Le projet TRI au Pakistan cherche à relever ces défis. En collaboration avec les communautés locales et le Département des forêts du Pakistan, le projet contribue à rassembler les parties prenantes et à créer de meilleures politiques et institutions pour gérer ces ressources. L’un des principaux moyens d’action dont il dispose est la création des CFPCC et leur renforcement. Composés de membres des communautés locales, de représentants du secteur privé et de la société civile, et officiellement reconnus par le Département des forêts local, les CFPCC sont directement responsables de la protection, de la gestion et, avec l’aide du projet TRI au Pakistan, de la restauration des forêts de Chilgoza qui constituent le lieu de vie de leurs membres. De plus, parce que les CFPCC sont constitués d’habitants et de leaders de la communauté locale, ils bénéficient d’un fort soutien de la communauté, dont la coopération est essentielle au succès de tout nouveau plan de gestion et de restauration.

À ce jour, 14 CFPCC ont été créés avec le soutien du projet. Bien que les plans de gestion et de restauration conçus par les CFPCC varient quelque peu d’une localité à l’autre, ils partagent un certain nombre d’éléments communs. Ils prévoient tous une période de récolte limitée pour les pignons de chilgoza, déterminée à chaque saison, l’interdiction de couper les branches et de ramasser les pignons non mûrs, et préconisent de laisser intacts cinq à six arbres par hectare qui fourniront les graines nécessaires à la régénération naturelle des sites dégradés. Ces règles sont affichées bien en vue dans chaque village. En outre, les règles des CFPCC spécifient que seule la population locale peut ramasser les pignons et que personne ne peut faire venir de la main-d’œuvre extérieure au village pour organiser une récolte commerciale à grande échelle. Associées à une application renforcée et à des amendes en cas d’infraction, ces règles contribuent à garantir qu’une part substantielle des bénéfices de la récolte des pignons de pin chilgoza revient à la communauté locale et que tous les membres de la communauté ont des chances égales de récolter des pignons.

Le projet prévoit également le renforcement des capacités des transformateurs locaux de pignons de pin chilgoza récoltés, afin de permettre aux membres de la communauté de conserver une plus grande part des revenus générés par la vente de pignons transformés. Par le passé, une grande partie de la transformation était effectuée dans des agglomérations plus importantes, loin des communautés de la forêt de pins Chilgoza. Si les communautés locales peuvent s’approprier une plus grande part des revenus de la chaîne de valeur des pignons, elles seront d’autant plus motivées par la gestion et la protection durables de ces ressources sur le long terme.

Bien que le projet ne soit opérationnel que depuis un peu plus de deux ans, des signes de progrès sont déjà perceptibles. Des enquêtes récentes menées par la FAO, le personnel des départements forestiers et les communautés locales montrent que les nouvelles politiques de gestion mises en place par les CFPCC ont permis la régénération naturelle d’un certain nombre de sites dégradés. En moyenne, les sites faisant l’objet de nouvelles mesures de gestion et de protection contenaient près de deux fois plus de plants de chilgoza par hectare que les sites n’en bénéficiant pas.

Alors que le projet entre dans sa troisième année, l’accent sera mis sur la création et le renforcement de CFPCC supplémentaires, ainsi que sur l’identification et le partage de l’expérience acquise au travers de cette nouvelle approche de la gestion et de la restauration des forêts de pins chilgoza. Les connaissances et les recommandations issues de ce travail devraient être pertinentes non seulement pour les forêts de pins Chilgoza, présentes aussi dans les pays himalayens voisins, mais aussi pour d’autres zones et régions dégradées du monde qui sont confrontées aux mêmes problèmes de surexploitation et de mauvaise gestion.


Story from The Restoration Initiative Year in Review 2020